Débrouillarde
Futée
Ambitieuse
Battante
Intelligente

Susceptible
Orgueilleuse
Hautaine
Agressive
Sarcastique

Tinker se tenait droite devant une furie rousse qui lui hurlait des insanités au visage, regardant de temps en temps ses ongles longs vernis de rouge. Un rouge passion que la blonde appréciait énormément. Au rythme où elle allait, elle viderait le flacon dans quelques semaines à peine. Elle devrait penser à en racheter avant qu’elle n’en ait plu. Ou que le magasin n’en ait plu ce qui serait embêtant. La blonde soupira, jetant un coup d’œil désintéressé à la jeune femme devant elle. Elle pinça des lèvres, étalant son gloss un peu plus, tout en ayant clairement envie de lui dire d’aller se faire voir. Mais Tinker n’était pas vraiment vulgaire. Vulgaire dans sa tenue, dans sa façon de se comporter mais elle n’était pas grossière verbalement. Elle trouvait cela indigne d’elle. Elle qui maniait le sarcasme avec habilité, qui était une passionnée de l’ironie ne pouvait pas se contenter de traiter une fille de salope en pensant que cela la blesserait. Les mots étaient son arme favorite. Elle savait parfaitement toucher la corde sensible chez les gens, détecter leur douleur et s’en servir. C’était tellement facile. Mais la vulgarité n’apportait aucune satisfaction à Tinker, ça ne voulait rien dire, ça ne servait à rien. Visiblement, la personne en face d’elle pensait que si. Elle avait dû traiter de Tinker de tous les noms d’oiseaux inimaginables et rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Dieu que c’était agaçant. D’accord, elle avait brisé son couple. D’accord elle méritait (et assumait même) tous les noms que la femme en face d’elle lui donnait. Mais honnêtement, si son mec lui était tombé dans les bras, c’était clairement parce qu’il n’était pas heureux avec sa petite amie, non pardon, son ex petite amie. Donc ce n’était pas entièrement sa faute. Et elle ne ressentait aucune culpabilité. Elle se fichait d’avoir brisé un couple. Et elle se fichait totalement d’avoir largué l’homme après avoir couché avec lui. En fait, c’était briser un couple et il se trouvait que quand elle avait vu pour la première fois cette rouquin s’accrochait au bras de son homme l’air de dire : « je suis heureuse, je vole sur le nuage de l’amour », elle avait agacé Tinker qui avait trouvé sa victime idéale. Voilà tout. Rien de plus, rien de moins. Lassée d’être là, la jolie blonde se concentra suffisamment pour faire apparaître l’objet de ses pensées. Quelques secondes plus tard, la rousse partit en courant, hurlant et essayant de faire tomber une araignée de son épaule qui n’existait tout bonnement pas. C’était comique. Tinker regarda la scène encore quelques secondes, avant de se détourner et de partir. Son sourire amusé disparut dès qu’elle ait pris le tournant. Ses talons claquaient sur le sol et le vent fouettait son visage. Ses cheveux volaient autour d’elle, s’emmêlant joyeusement pour le regretter plus tard quand la brosse viendrait les attaquer. L’expression sombre, Tinker avançait dans la rue sans regarder autour d’elle, pensant que ce qu’elle avait ressenti n’était pas aussi extatique que ce qu’elle aurait cru. En fait, ça lui laissait même un arrière goût dans la bouche. Un goût qui ne l’avait pas quitté depuis que lui était parti. Aujourd’hui il se faisait plus fort que les autres jours. L’amertume de son départ asséchait ses lèvres, l’acidité de la douleur lui donnait une envie de vomir. Elle avait toujours pensé, étant petite et elle pensait toujours il y a encore peu, que trois mois s’était relativement long. Vraiment long. Durant son enfance, alors que ses parents se hurlaient dessus à longueur de journée et que c’était son frère qui remplissait ses autorisations de sortie scolaire en imitant l’écriture de son père, les jours paraissaient à ses yeux d’enfants des semaines et les mois des ans. Alors oui, ça lui avait toujours paru long trois mois. Quand son père traitait sa mère de tous les noms, quand cette dernière jetait la vaisselle contre les murs, quand il liquidait l’argent qu’ils avaient en alcool, quand sa mère oubliait de faire à manger, quand ils étaient dans une misère pas possible, c’était dur et Tinker attendait avec impatience la nuit où elle pourrait dormir et oubliait tout ça. Elle avait toujours été traitée comme une moins que rien, une trainée durant son adolescence par son père. Elle n’avait jamais pu être libre comme l’était Damian, son frère. Lui il pouvait courir, aller où il voulait, c’était un garçon, on ne lui disait rien. Mais elle, elle devait aider à faire le ménage, la cuisine, etc. C’était une Cendrillon des temps modernes sauf qu’elle n’avait pas de petites souris à qui parlait. Tinker avait des rêves de fortunes, de grandeurs et elle se retrouvait au fond de la classe sociale. Sa condition la dégoûtait. Bref, pour Tinker, trois mois ça avait toujours été long. Mais maintenant, elle réalisait que cela pouvait être aussi court. Très court. D’une rapidité déconcertante. Bien sûr, vous vous en doutez, tout ça, c’est à cause d’un garçon. Une histoire d’amour comme d’habitude. Elle l’avait rencontré à Magipoderes et elle était tombée sous son charme. Pas amoureuse, juste sous son charme. Il était beau et elle aimait les choses belles. Ca ne devait être qu’une conquête de plus. Pas forcément un coup d’un soir parce que Tinker essayait (mais ça ne marchait pas) d’avoir des relations sérieuses. De se trouver un roi. Elle pensait que Kaeden serait encore un échec. Elle sortirait avec lui trois semaines, un mois et puis elle réaliserait que ça ne marcherait pas et elle finirait par le plaquer. On pouvait peut-être penser, à juste titre, que Tinker avait une peur de l’engagement vu l’exemple donné par ses parents, la vie de couple ne semblait pas vraiment très engageante. Ce n’était pas faux, ce n’était pas vrai non plus. Tinker n’avait pas peur d’être en couple mais elle avait peur de souffrir. Elle ne confrontait pas les problèmes et préférait rompre avant que les confrontations arrivent et qu’elle doive se disputer. Elle n’avait nullement envie de subir cette épreuve, elle était clairement au dessus de ça. Mais elle était restée trois mois avec Kaeden et n’avait pas prévu de rompre. Elle se sentait bien avec lui, vraiment bien. Ils avaient des disputes pour des broutilles et se réconciliaient sur l’oreiller, voilà tout. Elle en était tombée amoureuse. Elle ne s’en était pas rendue compte au début. Ca c’était fait sans qu’elle le remarque, totalement indolore. Mais quand il l’avait quittée, quand il l’avait plaquée, là ça avait fait mal. Elle avait eu mal. Parce qu’ils avaient vécu quelque chose, quelque chose de profond. Alors, elle avait cherché à comprendre. Etait-il effrayé par ses sentiments pour elle ? S’était-il moqué d’elle ? Non, c’était pire. Il était amoureux d’une autre femme. Une autre femme qui avait par-dessus le marché un air de ressemblance. Tinker avait été anéantie. Elle avait pleuré. C’était la première fois qu’elle pleurait depuis ses dix ans. Ca faisait mal, vraiment mal. Elle l’avait haï. Elle avait eu envie d’arracher les yeux de l’autre pouffiasse avec ses ongles. Et puis, elle s’était calmé et était redevenue cette fille hautaine qui ne se fait pas jeter pour une moins que rien. Et depuis, elle essayait de reconquérir Kaeden tout en faisant la guerre à l’autre fausse blonde. Et accessoirement, elle brisait les couples pour se venger. Bon d’accord, elle avait brisé un couple et ne recommencerait plus, n’y trouvant pas la satisfaction qu’elle aurait voulue. Tinker n’aimait pas perdre son temps. Elle était ambitieuse, elle avait des rêves de domination, peut-être pas du monde mais au moins de la ville dans laquelle elle vivait. Durant son enfance, elle allait dans une école publique où durant les premiers mois elle avait été la risée des filles de sa classe parce qu’elle n’avait pas le nouveau sac que tout le monde devait avoir. Ces filles là l’avaient vite regretté. Tinker était agressive, sèche, froide, blessante, orgueilleuse et au fil des semaines, elle s’était forgée une réputation de reine, elle était devenue la numéro un. Cela amusait son frère de voir sa sœur diriger sa cour de semblable. Ils la suivaient comme un petit chien. Le seul qui connaissait un tant soi peu Tinker était justement son frère Damian. Ils s’adoraient l’un l’autre mais malgré l’affection qu’il avait pour sa sœur, il fuyait la maison et elle ne le voyait pas tant que ça. Aujourd’hui, ils ne se voyaient plus du tout puisqu’elle était partie en claquant la porte. L’année de ses dix-huit ans, sans trop savoir comment, elle s’était retrouvée au cœur de toutes les attentions à une soirée. Bon en soi, elle était toujours le centre des attentions mais cette fois là ça avait été différent. Alors qu’elle s’était rendue à une soirée, elle avait rêvé d’une robe Chanel qu’elle avait vu dans une vitrine. Et quand elle était arrivée à ladite soirée, tout le monde s’était extasié sur sa robe Chanel. Au début, elle avait cru à une mauvaise blague, l’avait extrêmement mal pris puis voyant que personne ne se moquait (ils n’osaient pas), elle avait compris qu’ils étaient sérieux. Elle avait été se regarder dans le miroir dix fois d’affilé, rien à faire, elle ne voyait que la robe bon marché (qui lui allait super bien certes) qu’elle portait. Cette étrangeté n’avait pas été la seule. Au fur et à mesure des jours, des personnes voyaient des choses auxquelles elle pensait mais qu’elle ne voyait pas. Elle avait fini par comprendre qu’elle pouvait créer des illusions mais qu’elle ne pouvait pas voir. Après ça, elle avait entendu parler de Magipoderes et elle était partie avec tout l’argent qu’elle avait trouvé dans la maison sans un mot. Depuis, elle avait perdu le contact avec Damian. Elle avait aussi perdu son statut de reine. Elle avait découvert peu après son arrivée qu’elle était une intrappolato autrement dit dans le monde magique une bâtarde. A la base, elle était une humaine tout ce qu’il y a de plus normale et elle avait dû s’approcher d’un objet ensorcelé par un démon et avait écopé d’un don. Elle avait vite découvert que pour certaines créatures magiques, elle n’était pas la bienvenue, n’ayant rien à faire parmi eux et elle le prenait mal. Elle essayait de passer au dessus de ce fait mais rien n’y faisait. Pourtant, elle n’abandonnait pas. S’il y avait une chose de sûre avec Tinker, c’est qu’elle n’abandonnait jamais. Elle allait conquérir la ville et récupérer Kaeden. Ah oui ! Le vernis…